L'écrivaine
De bricoleuse à écrivaine
Après m’être levée, j’aime faire le tour de la maison. J’en ai besoin avant de me mettre au travail, en “mode petits boulots” . Le mode “petits boulots” signifie bricoler. Pendant ce temps, les escaliers du couloir brillent au milieu des portes brillantes. Mais, cette petite fenêtre miteuse derrière elle... peinture délabrée, taches de rouille... ne ressemble pas à grand-chose. Cette fenêtre est particulière: un peintre doit pouvoir bouger avec élasticité pour cela. Elle a été posée avant les escaliers du grenier qui ont été construit à moitié par-dessus. Uhhm, je ne le sens pas encore.
Ohh, maintenant je vois le soleil du matin briller en diagonale dans la chambre d’amis. Quelle belle lumière sur la vieille et solide “table de monastère”. Elle m’a été offerte par ma chère collègue Edith. Elle m’a dit: "Cette table a bougé avec moi tant de fois, maintenant elle peut partir et je me suis souvenue de votre aventure française". J’en suis ravie. Cela représente bien plus qu’une table adaptée à notre maison française. Son soutien, son amour et son amitié sont dans cette table. Une vraie table d’écrivain, je pense. L’inspiration commence à démanger et je m’assieds. Les tâches ménagères peuvent attendre cet après-midi.
C’est avec un sentiment de bonheur et de chaleur que je reviens à l’été dernier, à nos premières semaines. Le grand frère logeait dans cette chambre. Puis elle s’est transformée en un grand grenier à matériaux et à rangements. En mars, nous avons découvert que des souris avaient grignoté délicieusement le matelas où s’entassaient les coussins de chaise de jardin. Les corvées d’avril et de mai ont transformé cette pièce en ce qu’elle est aujourd’hui. Qu’est-ce qui peut s’en passer en un an!
Et, maintenant je suis derrière ma ''table de couvent”. Qui sait combien de religieuses se sont assises à cette table... lisant ou écrivant dans la contemplation. J’aimerais me glisser dans une machine à remonter le temps pour suivre l’histoire de cette table. Depuis l'abattage de l’arbre, le menuisier qui l’a assemblé jusqu’aux endroits où elle s’est trouvée. Et puis les histoires de toutes les personnes qui se sont assises à cette table. Vous remarquerez: je suis capable de rêver grandement.
Je fais partie des nombreuses personnes qui ont un livre à moitié écrit dans leur ordinateur. Je n’y arriverai jamais. Ce n’est pas grave, mon ego et moi n’y voyons pas d’inconvénient. Après quelques semaines à Bellerive, les histoires amusantes qui veulent être écrites émergent de la relaxation. L’écrivaine qui sommeille en moi se réjouit de l’abondance de matière disponible dans notre aventure française. Une aventure à propos de laquelle nous disons tous les deux : la vie est à vivre et nous la vivons!